samedi 30 octobre 2010

Bien arrives a Walvis Bay jeudi soir !

Nous retrouvons tout juste un acces Internet et sommes en train de
visiter le desert namibien !

Depart pour Sainte-Helene dimanche soir ou lundi !

A bientot sur Lafko,

Florent

mardi 26 octobre 2010

Pas de grèves sur Lafko

Pendant que les presses étrangères se passionnent pour les grèves françaises comme elles pourraient le faire pour un match entre Birch et Malinovski, sur Lafko il n’ est pas question de baisser la garde. Cape Town est en effet le dernier port « civilisé » avant ceux du continent américain où Lafko pourra se refaire une beauté : de vrais cat ways, 2 voiliers (Quantum et North Sails), 1 rigger et pas moins de 3 shipshandlers (si, si !)… en quelque sorte le paradis des bonnes coques comme la notre qui bourlinguent autour des océans.
Nous en profitons donc pour faire refaire par le « rigger » les 2 galhaubans qui supportent le premier étage de barres de flèches. Le babord a fait l’ objet d’ une réparation épique aux Maldives (voir article de Fred sur le sujet), avec un cable de 10mm en remplacement du 8 d’ origine. Depuis, le tribord commençait à montrer des signes de faiblesses. Un remplacement des 2 câbles avec du 8 mm de série et des embouts Northman adaptés est donc effectué lundi dernier.
Deuxième chantier majeur, la voilerie. Lafko doit poursuivre son tour avec un « moteur » fiable. Or nous avons à bord un mélange de voiles :
- 1 spi Rolly Tasker de 111 m² à chaussette acheté à Phuket, encore neuf
- 1 tourmentin, bon état
- 1 foc de brise, bon état
- 1 génois (blanc) sur enrouleur, bon état (à poste)
- 1 autre génois (jaune), déchiré au large du Mozambique le long de la bande anti UV sur toute la longueur
- 1 unique GV à poste, avec 4 lattes manquantes (les 4 supérieures) sur 5 et des débuts d’ usure prononcée.
Il fallait donc refaire un lifting à l’ acteur principal de notre traversée, notre Grand Voile. Et voilà donc chose faite, la GV dispose maintenant des 5 vraies lattes réglables, de coutures reprises et de renforts adéquats (de la sangle cousue sur les goussets pour limiter les effets du ragage de la voile aux allures portantes sur les galhaubans). En revanche, après inspection et avis d’ experts, le vieux génois ne pourra être récupéré pour faire une voile d’ une surface inférieure comme nous l’ espérions. La voile est trop fragile : les UV ont trop affaibli la toile sur la chute pour pouvoir la réutiliser.
Mais ce n’ est pas tout. Si Lafko a sous traité, les Lafko boyz ont eux aussi trimé :
- le chantier voilerie encore : pour le génois, c’ est donc uniquement celui à poste qui aura droit à une amélioration : il se voit gratifié d’ un nouveau bout d’ enrouleur. Quant à la GV, elle a droit à une réparation de son hale-bas pousseur à grand coups de rivets (cassé depuis plusieurs mois, il pendait lamentablement laissant tout le travail de support de la bôme à quai à la balancine !).
- vient après le chantier peinture, avec la reprise de peinture du tableau arrière,
des retouches sur le pont, la mise au blanc du mât de la nouvelle éolienne (au passage : une pure merveille, cette éolienne, silencieuse, puissante… un rêve de
tourdumondiste !), la mise à nu du dessus des coffres à plomb au niveau de la dérive et 2 couches d’ antirouille…
- le chantier électricité ensuite : fixation des câblages volants, reprise du néon capricieux du coin cuisine, mise en place d’ une alimentation 12V extérieure, achat d’ un convertisseur 12V/220V de secours…
- le chantier divers travaux enfin : reprise de la fixation des panneaux solaires, amélioration du fonctionnement de notre chère gazinière Primus (débouchages de buses, nettoyage), check up du niveau batteries, recherche de fuite dans les fonds (au final un simple déversement du trop plein du tank à eau), et enfin remplacement des 2 poignées de capots cassées par des nouvelles.

On ne chôme donc pas sur Lafko, car en parallèle se conduit aussi la préparation au départ : avitaillement pour 50 jours, remplissage de tous les bidons d’ eau et enfin plein de gasoil (les pompistes ne font pas grève mais ne sont pas légion au milieu de l’ Atlantique). Mais comme les Lafko boyz sont tout de même un peu solidaires de l’ ambiance mai 68 en France, une 2è guitare à fait son apparition à bord !

samedi 23 octobre 2010

Izivunguvungu sailing school, du vent dans les townships

Manuel Mendes est un marin atypique. Une vraie tête barbue de père noël (si, si, il existe, nous l’ avons rencontré : il a les yeux bleus océan et habite à Cape Town), 2 tours du monde en solitaire pour ce portugais né en Angola, des participations à presque toutes les grandes courses internationales et la création d’ un chantier naval à Cape Town constructeur/importateur J boats (dont un des derniers faits remarquable est la construction de Team Shosholoza, le bateau de la coupe de l’ América 2007 pour l’ Afrique du Sud), la remontée de l’ Afrique en solitaire sur les traces de Bartolomé Dias sur un 26 pieds…
Mais Manuel, c’ est surtout un cœur en or.



A peine arrivés au Cap, il nous accueille accoudé au bar du Royal Cape Yacht Club avec son bagout unique (il parle couramment anglais, portugais, italien, français, grec… au moins, parmi ce que nous avons pu vérifier !) et une tournée générale de Jameson et de Windhoeck (prononcer winteuk) ou Black Label (les bières locales). Et nous emmène pour notre journée de break faire le tour du parc naturel de Bonne Espérance et Table Mountain à 6 dans son pick-up. L’ occasion de faire connaissance avec les curiosités locales dans un cadre somptueux : les manchots du Cap, les babouins chapardeurs, les tortues de terre, les fous du Cap – magnifiques oiseaux proches de nos fous de Bassan -, les familles d’ autruches et les otaries… et bien sûr, la Protéa, belle plante grasse aux fleurs jaunes qui sont à l’ Afrique du Sud ce que la fleur de lys est à notre douce France.

Mais Manuel ne se contente pas d’ être le meilleur des guides touristiques : il nous emmène à Simon’ s Town visiter l’ école de voile qu’ il a créé avec Ian Ainslie, le barreur de Team Shosholoza et célèbre match racer de rang international). C’ est une histoire magnifique qu’ il nous raconte à mots couverts, presque pudiquement. En voyant que le désœuvrement des
jeunes des townships, il a eu l’ idée de leur proposer un apprentissage de la vie par la voile.
Et après quelques années, les résultats sont là : cette année, les jeunes Sud-Africains des Simon’ s Town après avoir passée avec succès les qualifications nationales, sont parvenus à réussir l’ exploit d’ arriver 5è aux championnats de 420 avec un budget digne de Rastarocket.


Le principe en soi est simple. Les enfants des écoles les plus modestes, de catégorie C (l’ école publique est obligatoire pour tous en Afrique du Sud, mais se divise en 3 catégories en fonction des revenus parentaux : A, B et C), n’ ont cours que par demi journées. Les après midi dans les townships sont donc très libres… et donc très désœuvrées.
Izivungu sailing school offre un repas à midi après le ramassage scolaire de la trentaine d’ enfants qui suivent quotidiennement les cours sur l’ eau. 3 moniteurs prennent alors en charge la meute pour leur enseigner tout d’ abord les rudiments de la voile sur optimist, puis sur 420 et enfin sur J22 et autres quillards de régate. Les jeunes apprennent aussi l’ art de la voilerie, réparent eux-même leurs mâts et bateaux et fabriquent même des nouvelles coques.

Le WE, c’ est au tour des parents de venir découvrir ce que vivent leurs enfants sur l’ eau. Il faut imaginer ce joyeux capharnaüm de familles entières engoncées dans leurs gilets (la plupart ne savent pas nager) sur la mer jolie dans de frêles dériveurs. Du mouron pour les moniteurs mais des moments extraordinaires pour tous !
Aujourd’ hui Izivunguvungu (qui signifie « vent fort et soudain en Isizoulou ») poursuit son développement sous l’ impulsion conjuguée de sa réputation grandissante (les enfants sont les nouvelles terreurs des circuits malgré des budgets ridicules), de la volonté de ses fondateurs, de la noblesse de la cause, et enfin grâce à ses anciens élèves désormais jeunes ingénieurs, maitres voiliers ou skippers professionnels en Afrique du Sud et en Europe. Mais Izivunguvungu a aussi besoin de soutien. Lafko supporte donc cette belle cause.
A vous de faire de même ! Voici donc le lien vers leur site internet : http://www.izivungu.co.za (voir la partie "contact"). Donate now !

jeudi 21 octobre 2010

Cap au Nord ! et à bientôt !

Lafko partira demain en direction de la Namibie, quasiment plein Nord.

Nous aurons donc passé plus d'un mois en Afrique du Sud, un pays qui ne peut laisser que de forts souvenirs tant il est plein de contrastes.

Tout d'abord, et particulièrement en y arrivant en voilier, on comprend vite qu'ici, on ne plaisante pas avec la nature.

Elle est la plus forte, elle est indomptée. On nous parle de vagues de 18 à 20 mètres, de vents de 80 nœuds, de 26 jours d'attente pour passer Bonne Espérance et de naufrages en série...

A terre, dans ce pays grand comme 2 fois et demi la France, on trouve presque tous les paysages, de grandes dunes de sable, de la savane et de la brousse, des forêts verdoyantes et des montagnes enneigées.

Singes et autruches, rhinocéros et éléphants, lions, guépards et léopards, antilopes et zèbres, baleines, phoques, dauphins et pingouins sont à portée de la main pour nous émerveiller.

Et bien sûr, il y a les femmes et les hommes qui font ce pays. C'est là que tout se complique et il serait bien impossible de tout résumer dans cet article.
L'histoire est pesante, les conflits anciens et présents se font durement sentir.

Ayant uniquement visité les régions côtières, notre vision est forcément incomplète. Il faut ajouter à cela, qu'hormis quelques exceptions, tous les Sud-Africains que nous avons rencontrés sont des Blancs et très souvent des hommes.

En Afrique du Sud, on parle ouvertement de couleurs de peau, d'origine ethnique et de religion. C'est nécessaire pour comprendre le pays.

Majoritaires à plus de 80%, les Noirs sont des Zoulous, des Xhosa, des Swazi, des Ndebélé, des Tswana, des Sothos, des Tsongas ou encore des Vendas. Ces distinctions sont parfois contestées du point de vue anthropologique.

Les Blancs (Afrikaners, Anglophones et autres) comptent pour 9%, les Métis pour 8% et les Asiatiques (Indiens et Chinois) pour les 3% restants. Les Afrikaners sont les premiers colons européens, fondateurs de la ville du Cap en 1652. Ils sont majoritairement d'origine hollandaise, mais aussi allemands et français et tous protestants. Les Anglophones sont les descendants des Anglais qui ont progressivement conquis le territoire à partir de la fin du XVIIIème siècle.

C'est ainsi que les 50 millions d'habitants du pays parlent une ou plusieurs des 11 langues officielles.

Le régime de l'apartheid ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Apartheid_en_Afrique_du_Sud ) et sa politique de séparation raciale instaurée de 1948 à 1991 n'ont fait qu'officialiser et renforcer une réalité déjà vieille de plus de 3 siècles.

Ce pouvoir absolu et atrocément injuste d'une population blanche de plus en plus minoritaire ne pouvait continuer. Nelson Mandela, après 47 ans de lutte dont 27 passés en prison, aura l'immense sagesse d'appeler à la réconciliation entre Blancs et Noirs pour éviter la guerre civile. Tous nos interlocuteurs sont unanimes sur ce point, Mandela est bien le sauveur du pays.

Mais les conflits sont toujours bien présents.

Entre Zoulous et Xhosas, historiquement rivaux, par exemple. C'est aujourd'hui Jacob Zuma, un Zoulou, qui préside le pays, alors que Mandela et les principaux leaders de l'ANC étaient des Xhosas. ( http://www.libertepolitique.com/la-paix-des-nations/5300-afrique-du-sud-la-revolution-zoulou- ) Ces conflits se ressentent aussi bien sûr dans les townships, ghettos créés par l'apartheid, où la guerre des gangs fait des ravages.

Entre Anglophones et Afrikaners, jamais vraiment réconciliés après les 2 guerres anglo-boers.
Des Afrikaners nous diront ainsi :
"Les anglais ont inventé les camps de concentration, ils n'ont jamais présenté d'excuses pour ce qu'ils nous ont fait." ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_Guerre_des_Boers#Les_camps_de_concentration )

"This place is very Afrikaans." diront 2 jeunes anglophones de notre âge en arrivant à un barbecue.

Première puissance économique africaine, l'Afrique du Sud est un pays très riche en matières premières et doté d'infrastructures qui n'ont rien à envier à l'Europe.

Les richesses y sont cependant très mal redistribuées et la pauvreté touche une grande partie des populations noires. Le taux de chômage atteint les 35% et l'analphabétisme, 40%.

On assiste aussi à un phénomène surprenant, l'exode des Blancs. Il y aurait aujourd'hui environ 2000 sud-africains blancs qui quitteraient le pays tous les mois, principalement des Afrikaners ( http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201006/23/01-4292587-exode-massif-des-sud-africains-blancs.php et
http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201006/23/01-4292578-les-refugies-blancs-dafrique-du-sud.php )

L'un d'entre eux, au chômage, me dira : "I've got the wrong skin color and I speak Afrikaans, I won't get a job anymore".
Nous avons aussi rencontré dans l'Océan Indien plusieurs couples sud-africains ayant quitté le pays pour vivre leur retraite sur leur bateau.
Il semblerait que la sécurité soit la première raison de cet exode. On compte en effet plus de 50 meurtres par jour et chaque groupe vit dans des camps retranchés entourés de barbelés et gardés par des vigiles.

A Richard's Bay, dans le Zululand, nous avons pu ressentir la pression qui pèse sur ces populations blanches. Nous avions le sentiment, partagé avec d'autres navigateurs étrangers, que les Afrikaners vivaient en sursis.
A Cape Town, la vie semble différente, plus apaisée, bien que chaque personne rencontrée nous ait dit s'être fait voler un auto-radio, un sac à mains ou cambrioler.
Johannesburg, que nous n'avons pas visitée, est bien pire puisque des rues entières sont transformées en bunkers...

Malgré ce tableau bien triste, l'Afrique du Sud est un pays qui attire. Chacun d'entre nous a au moins une fois imaginé s'y installer. Cape Town, en particulier, nous a semblé être un bout d'Europe où l'aventure est encore possible ! La forte communauté française qui y vit ne s'est certainement pas trompée. A suivre donc...

C'est très certainement en grande partie l'hospitalité des Sud-africains rencontrés qui nous a donné cette envie.

Nous sommes dans un pays de marins et c'est une première pour Lafko. C'est un plaisir de trouver des personnes qui savent ce qu'est un voilier et qui comprennent ce dont nous avons besoin. Nous avons pu effectuer ici beaucoup de travaux sur Lafko qui s'est rarement porté aussi bien ! A chaque escale, nous avons été très bien accueillis ( et désaltérés...) par des gens serviables et amicaux qui nous ont énormément aidés et fait visiter leur pays.

Alors merci ! Merci, merci et encore merci à tous les Sud-Africains rencontrés de Richard's Bay à Cape Town en passant par East London et Mossel Bay ! et à bientôt !

mercredi 20 octobre 2010

Lafko TV @ Cape Town

La Lafko TV clôture l'épisode Cape Town avant de passer au chapitre Namibie.
Que de rencontres dans cette ville pleine de contrastes...

Jean-Christophe

samedi 16 octobre 2010

Lafko TV, de Mossel Bay à Cape Town !

Avec l'arrivée de Jean-Christophe, Damien et Guillaume, Lafko fait le plein de nouveaux talents !

Voici donc un aperçu de notre vie à bord grâce à Jean-Christophe, le mediaman du bord !

mercredi 13 octobre 2010

Lafko dans l'Atlantique !

13 octobre 2010. 17h07 Local Time. 34°57 de latitude Sud, 20°00 de
longitude Est, Lafko vient d'entrer en Atlantique.
Le fameux Cap des Aiguilles est franchi, la pointe Sud de l'Afrique, 6
mois jour pour jour après le départ de Port Dickson en Malaisie.
Toujours en mer, nous faisons route vers le légendaire Cap de Bonne
Espérance, à 85 milles d'ici, que nous atteindrons demain jeudi au petit
matin.
Nous laissons donc l'Indien dans le sillage de Lafko.
Malaisie, Thaïlande, Andaman, Maldives, Chagos, Maurice, Réunion,
Madagascar et Afrique du Sud, autant d'escales riches en souvenirs et en
rencontres !
Nous sommes maintenant 5 à bord, Franck, Florent, Damien, Jean-Christophe
et Guillaume.
A nous l'Atlantique !

lundi 11 octobre 2010

Escale sauvage


C'est bien joli la mer, les baleines, les dauphins, les fous du Cap, les otaries et les pingouins...

Mais en Afrique, les terres réservent aussi de bien belles surprises. Nous avons donc profité de notre escale à East London pour visiter une réserve animalière : Addo Elephant Park.

Des grues bleues, des kudus, des bousiers, des rhinocéros (pas vus !), des buffles et bien sûr des lions et des éléphants !

 Nous avons dormi dans une auberge de jeunesse tenue par des Suisses qui ressemblait plutôt à un joli hôtel ! Ah qu'il est bon de se réveiller dans un vrai lit :)

 Cliquer sur les photos pour les voir en plus grande taille !



samedi 9 octobre 2010

Et hop, l'éolienne est de retour !

Ca y est, nous avons profité d'une escale prolongée à Mossel Bay pour monter notre nouvelle éolienne !

Achetée d'occasion à Diego Suarez, elle a commencé sa vie en Bretagne avant de rejoindre le jardin d'une maison malgache.
Et c'est maintenant sur le portique de Lafko qu'elle trône.

Moteur, ça tourne ! Promis, on essaiera de ne pas la perdre :)

Pour les curieux, c'est une Rutland 913, elle démarre avec assez peu de vent, est plutôt silencieuse et produit jusqu'à 400 watts. On va pouvoir ré-écouter de la musique ! Qui se charge de la boule à facettes ?

Pour le mât, c'est du recyclage, merci à Schalch, bricoleur de génie et voisin de ponton, qui nous a bien aidé pour le terminer !

mercredi 6 octobre 2010

Où est Lafko ?

Lafko est arrivé mardi 4 octobre à Mossel Bay, escale mythique entre l'Indien et l'Atlantique.

C'est en effet ici que Bartolomée Dias s'est arrêté en 1488 pour la première escale d'un navire européen dans l'Océan Indien !

On y trouve le fameux Post Office Tree qui sert de boîte aux lettres pour marins depuis 1500. Les navires de passage relevaient le contenu de la boîte et emmenaient les nouvelles vers l'Europe et les Indes.

Les cartes postales sont parties !

(Pensez à lire les 3 articles précédents, nous avons enfin mis à jour le blog !)

La descente vers le Sud et le passage du Transkei

Lafko est donc parmi les premiers à descendre plus au Sud, oui, cette fois-ci, nous sommes un peu tôt dans la saison. C'est normalement en plein été, soit décembre ou janvier, qu'il faut passer cette côte redoutée des navigateurs...

A Langkawi en Malaisie, un couple de français nous avait dit "fin septembre, début octobre ? mais vous êtes fous, il y a une dépression tous les 2 jours dans ce coin-là"...

Thierry, sur King Kong, rencontré aux Chagos, nous disait "je vais passer début octobre, des français installés au Cap m'ont dit que c'était possible".

A Madagascar, un couple de Sud-Africains relativise les choses : "Bad weather can hit you any time"... Le mauvais temps peut frapper n'importe quand ! En résumé, il n'y a pas de bonne saison pour passer ! Alors allez-y et soyez prudents ! Et ils ajoutent qu'avec le réchauffement climatique, on ne peut plus rien prévoir :)

Les instructions nautiques pour l'Océan Indien indiquent "The passage around the Cape is one to be treated with respect. For most people the worst bit of the trip is Durban to Port Elizabeth".

Nous découvrons peu à peu ce qui nous attend et comment préparer ce passage délicat.

930 milles nautiques de Richard's Bay jusqu'à Cape Town, 7 jours de navigation normale ou bien un mois et demi d'après un expert maritime rencontré avant le départ de France...

Et surtout 250 milles sans arrêt possible entre Durban et East London, c'est le Transkei, une côte bordée de falaises et parsemée d'épaves...

La carte y indique "Abnormal waves of up to 20 metres in height may be encountered."
Les vagues scélérates. Celles qui retournent d'un coup les navires. 20 mètres de haut, des immeubles de 5 étages qui déferlent... Elles sont créées par le fameux courant des Aiguilles qui peut aller jusqu'à 6 noeuds vers le Sud-Ouest. Lorsque le vent souffle à 30-40 noeuds contre ce courant, la mer lève très rapidement et c'est cette situation qu'il faut éviter à tout prix.

Mais ce courant est aussi notre plus bel allié, dans de bonnes conditions, il nous fera traverser très vite cette zone dangereuse en ajoutant sa propre vitesse à celle de Lafko.

Au fur et à mesure de nos discussions au bar du Yacht Club, nous recueillons les conseils des locaux et des autres voyageurs. Il y a d'abord ceux qui attendent décembre, cela fait un an ou 6 mois qu'ils sont là et ils prennent leur temps pour visiter ce magnifique pays qu'est l'Afrique du Sud. Ils ont le temps. Ce n'est pas notre cas.

Et il y a ceux, souvent sud-africains, qui disent que c'est possible en analysant bien les systèmes météo. Le vent alterne ici entre le Nord-Est portant pour descendre au Sud et le Sud-Ouest contre lequel il ne faut absolument pas se retrouver.
Rarement en-dessous de 25 noeuds dans les 2 sens, le vent changement de direction en moins d'une heure et les vagues suivent ensuite.

Dean, un jeune skipper, résume assez bien la situation "If there is any West, don't go man !"
Il faut donc 2 ou 3 jours continus de vent de Nord-Est ou d'Est. C'est ce qu'on appelle la "fenêtre météo". Il faut l'optimiser au maximum en quittant le port avant que le coup du Sud-Ouest ne soit terminé pour profiter pleinement du Nord-Est qui arrive.
On conseille aussi bien sûr d'observer les variations de son baromètre pour prévoir le bascule du vent. Celui de Lafko indique en permanence "Beau temps" :) C'est bon pour le moral et la déco du carré... Pour la météo, un peu moins...

Monny, un des bricoleurs du chantier, nous dit d'observer le coucher du soleil. Si celui-ci est rouge sang, le vent va passer au Sud-Ouest au petit matin. C'est le front froid qui arrive, il faut alors se réfugier dans un port le plus vite possible. Nous avions déjà observé cela au large du Mozambique, juste avant de déchirer notre vieux génois... L'expérience rentre...

Un soir de fête, Joe, un ingénieur de 28 ans ayant travaillé dans une des équipes de la Coupe de l'America, vient nous offrir un verre. Il aborde gravement le sujet de notre départ. Ca ressemble beaucoup à un avertissement : "Listen to me, my friends. This is one of the deadliest coastlines in the world, but with respect, you can go anywhere ! Let's drink to that !" On murmure doucement qu'il y a ici plus de naufrages qu'au Cap Horn... Il y a aussi plus de navires qui passent !

Len, dont le fils s'entraîne pour les championnats du monde d'optimist (à Langkawi cette année !), nous dira aussi : "Don't push your luck too hard !" Il pense que nous devrions faire une étape à Durban pour avoir une fenêtre météo plus certaine.

Il y a de la crainte dans les regards. Ces hommes naviguent ici et connaissent la mer, ce sont nos meilleurs conseillers.

Pendant notre séjour à Richard's Bay, nous repérons plusieurs fenêtres météo possibles. Certaines se décalent, d'autres raccourcissent. Je recueille tous les jours différents avis, certains m'abordent pour me donner leur opinion.

Une grosse tempête de Sud-Ouest est annoncée pour le dimanche 26 et le lundi 27 septembre, nous nous disons qu'il faudrait partir immédiatement après. Force 8 dans le port, tout s'envole et ça tire sur les aussières !

Tout le monde me confirme que mardi 28 est une bonne fenêtre météo pour partir.

J'entame donc les formalités de départ. On ne m'a jamais demandé autant de choses ! Je dois dessiner Lafko et en indiquer les couleurs. Endroit comme envers... Il faut aussi donner les numéros de série du radeau de survie et du moteur... Au cas où...
Je signale East London comme destination. Et c'est parti au matin du mardi 28 !

Lafko file entre 8 et 9 noeuds dans le bon sens sans faire souffrir le gréément ! Conditions parfaites mais on sent que la mer est hostile et qu'il faut passer rapidement !

Toute la journée de mercredi, les milles défilent à grande vitesse, Durban est déjà loin derrière !

Nous entamons la deuxième nuit de navigation et en récupérant un fichier météo, nous voyons que le vent va changer de direction vers 5h du matin !

Nous prenons donc la décision de nous rapprocher de la côte. Vers 5h, effectivement, le vent baisse, les prévisions étaient correctes ! Nous sommes tous proches d'East London, mais déjà le vent tourne.

Nous mettons au moteur pour avancer contre le vent et entrer vers 7h, ce jeudi 30 septembre dans la Buffalo River, le port d'East London.

Ouf, nous sommes à l'abri et le Transkei est passé !

Lancement d'une tradition ?

Il est dans l'Atlantique, une tradition parmi les navigateurs. Laisser sa marque en peinture et en couleurs !

Les murs du port de Horta sur l'île de Faial aux Açores sont couverts des logos de tous les navires qui y passent depuis un bon demi-siècle.

Les quais de Funchal à Madère le sont aussi, nous y avons d'ailleurs laissé le logo de Cacique il y a 2 ans.

Alors, pourquoi ne pas lancer l'idée à Richard's Bay qui représente la fin de l'Océan Indien pour beaucoup ? Et aussi le passage du Cap de Bonne Espérance dans l'autre sens.

Je m'en vais donc en demander la permission au Commodore du Yacht Club qui accepte sans hésiter !

C'est parti ! Damien, l'artiste peintre du bord, se met à l'oeuvre et je me charge de promouvoir l'idée auprès des autres voyageurs qui sont vite enthousiasmés !

Bleu et jaune, un canoé à voile pour rappeler nos chers indiens patagons, voici notre logo !

A suivre donc, un correspondant sur place nous enverra les photos des logos suivants.

Zululand Yacht Club, un accueil fantastique !

Mardi 14 septembre au coucher du soleil, Lafko entre au Zululand Yacht Club à Richard's Bay.

Les voiliers de passage doivent s'amarrer sur le "Wall". Franck termine la manoeuvre à la barre, je prépare les aussières et sur le "Wall", un père et son fils nous hèlent :

"Bonjour, welcome to the first international visitors of the season !"

Franck et moi sommes un peu surpris, nous sommes donc les premiers voyageurs à arriver ici de l'autre côté de l'Indien. Vous vous en rappelez certainement, Lafko était "the last yacht of the season" lors de notre départ des Iles Andaman fin mai ! Cela nous avait valu une mémorable traversée dans la mousson...

Lafko à peine à quai, nous sommes déjà invités au bar du yacht club où le commodore nous offre des bières bien fraîches. 6 ou 7 géants sud-africains entament gaiement la conversation avec nous, notre voyage, notre bateau, tout y passe...

L'accueil est formidable, mais Franck et moi sommes lessivés par la traversée depuis Madagascar et avons grand peine à tenir la conversation. Nos hôtes le comprennent heureusement vite. 2 bonnes pièces de boeuf de 500g nous requinquent un peu et nous filons dormir !

Le lendemain, Damien rejoint le bord, il nous accompagnera jusqu'au Brésil, bienvenue !

Nous passerons finalement 2 semaines au Zululand Yacht Club. Nous en profitons pour faire des travaux sur Lafko, petits bricolages et surtout sablage du pont pour éliminer la rouille et le repeindre d'un blanc étincelant !



C'est également l'occasion de fêter l'arrivée du printemps dans l'Hémisphère Sud !
 
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